L’orage

Proposition : La mémoire – Les bruits de la maison d’enfance. Architecture sonore.

L’orage

La journée a été chaude. On entend au loin des coups de tonnerre. Le ciel devient de plus en plus noir. La nuit est tombée d’un seul coup. Je suis dans mon lit et j’entends au loin l’orage arrivé. Quelque goutte viennent taper sur les carreaux de ma chambre comme sur un xylophone où chaque note serait différente, des notes presque aiguës et d’autres plus graves, puis le rythme devient de plus en plus régulier et s’intensifie. Des éclaires zèbrent le ciel de couleur blanche. Le tonnerre venant de temps en temps rompre cette cadence dans des bruits effroyables et retentissant.  On dirait que la maison, ne vie plus qu’au rythme de cette pluie qui tombe. J’entends les tuiles qui vibrent à l’unisson des rafales de pluie qu’elle reçoit. La gouttière déborde de ses paquets d’eau qui viennent s’écraser dans la cour avec un bruit sourd.

La charpente gémit un peu de ne savoir ce qui lui arrive. Moi, je m’enfonce de plus en plus dans mon lit comme pour me protéger de ce déluge. J’ai peur sans avoir peur. Je passe du confort d’être à l’abri dans cette maison qui me protège de cette furie d’eau et je suis craintif et me sent tout petit face à cette force de la nature qui se déchaîne. Mais ébahie et fasciné par le spectacle quelle me donne, m’enivrant de ces rythmes de cette pluie qui tombe avec ces mouvements de crescendo ou la fureur du tonnerre vient battre la mesure, je m’en suis endormie. Je ne sais pas quand cet orage sait arrêter. Mais le premier bruit de mon réveil est le chant du coq de la ferme voisine, les rayons du soleil commencent à filtrer à travers les persiennes. J’attends maman qui met du bois dans le poêle. Des bruits de vaisselle que l’on déplace. Les oiseaux ont commencé à chanter des poules caquette. Comme si ses bruits après cette symphonie haletant de la nuit avaient des sonorités plus douces que les autres jours.  Je me lève, je veux aller voir dehors comment c’est passer pour l’extérieur cette nuit. Je sors en pyjama dans la cour, l’air est frais, les poules sont à la chasse au ver de terre qui sont apparues depuis cette nuit, elle se jette dessus avec voracité.

Il y a encore de l’eau qui dégouline des gouttières, mais en douce musique reposante et apaisante après cette nuit agitée.

 

janvier 15, 2015